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Topic: Ecosocialisme et « buen vivir »
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Ecosocialisme et « buen vivir »
on: January 16, 2014, 18:24

Gilles Godinat


Ecosocialisme et « buen vivir »


Lié à la résistance des peuples andins contre les colonisateurs, le concept du « buen vivir » a une valeur identitaire de reconstruction d’une vision communautaire ancrée dans la culture ancestrale. Sa signification renvoie à la plénitude, à la beauté de vivre ensemble en harmonie avec la nature.


Ancré récemment dans les Constitutions de l’Equateur (2008) et de la Bolivie (2009), le « buen vivir » est intimement lié au concept de souveraineté et dignité nationale, contre les logiques d’accumulation prédatrices. Il remet en question le concept occidental de « développement », s’opposant à l’opulence, au luxe, au gaspillage, au consumérisme (Jean Ortiz, 2013). Il ne signifie nullement retour vers la nature et à l’état « sauvage », dans un enfermement communautariste, comme enclave « hors société » mais au contraire, quête d’harmonie avec la nature dans un mouvement émancipatoire. Il échappe, comme le souligne Ortiz, à une conception strictement rationaliste de la vie, mais s’inscrit dans une vision cosmogonique, poétique, spirituelle, comme une symbiose avec les écosystèmes. Ce concept ne peut être transposé de façon réductrice dans d’autres cultures comme une simple manière de « bien vivre » dans le sens d’un bien être, confort ou autre notion du bonheur lié à la consommation. Il contient une dimension éthique, esthétique et comme posture politique, ce paradigme doit être contextualisé (Irène Léon).


Référence de base des mouvements indigènes d’émancipation en Amérique latine, le « buen vivir » est associé à l’écosocialisme (cf M. Löwy) comme réflexion critique sur le mode de production et de consommation dominant, le système capitaliste, et comme stratégie de lutte, en rupture avec le productivisme, à partir des communautés de base. Référence pour une économie populaire, solidaire et socialisée, dans une vision humaniste, il privilégie le lien territorial. Il implique également la notion d’horizontalité et d’autogestion.


La rencontre avec les références marxistes et libertaires permet de mettre l’accent sur les valeurs d’usage, par rapport aux valeurs marchande, de lutter contre le fétichisme de la marchandise, de centrer la production sur la satisfaction des besoins de base et non sur le superflu, sur un type de consommation privilégiant la convivialité, le partage, et non l’accumulation (cf Le socialisme gourmand, de Paul Aries), sur les valeurs qualitatives de l’ « être » plutôt que de l’ « avoir », sur sa propre activité et créativité, son auto-déploiement (Ortiz).


Le « buen vivir » ne constitue donc pas un programme en lui-même, mais un concept « boussole », paradigme du changement radical que nous voulons.


Gilles Godinat Rencontre « Alternatives face aux défis écologiques » Genève 2014


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