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Topic: Atelier QUE PRODUIRE ET COMMENT
ducommunm
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Atelier QUE PRODUIRE ET COMMENT
on: January 18, 2014, 09:38

Atelier QUE PRODUIRE ET COMMENT


Dans la mesure où ce texte est conçu comme une aide à la discussion dans l’atelier, il m’a semblé que le plus efficace était de procéder par thèse, tout en étant conscient que certaines de ces thèses mériteraient d’être développées plus longuement.


Thèse 1 : Un projet écosocialiste propose une double rupture d’avec le capitalisme. D’une part une rupture avec un système basé sur l’exploitation et l’aliénation des travailleurs, d’autre part une rupture avec un système qui ne peut subsister qu’au travers d’une croissance continue à l’origine de tous les dérèglements écologiques qui menacent l’existence de l’humanité.

Cette thèse doit paraître évidente dans une rencontre écosocialiste, mais l’analyse du pourquoi la crise sociale et le crise écologique ne peuvent pas trouver de solution à l’intérieur du capitalisme doit faire partie de nos documents finaux.


Thèse 2 : Le XXème siècle a vécu un des moments les plus important de l’histoire de l’humanité, le passage du manque à une possible suffisance, passage qu’Engels caractérisait par le passage de la pré-histoire à l’histoire. Mais cette possible suffisance ne peut pas être une abondance illimitée, vu les limites imposées par la finitude de la terre, mais permet d’avoir comme objectif la satisfaction des besoins fondamentaux de chaque être humain en terme d’alimentation, de logement, de santé, d’éducation, de culture, d’accès à l’eau potable, de mobilité, sans limiter cette satisfaction à un aspect frugal.


Thèse 3 : Le capitalisme a indiscutablement été à l’origine d’une augmentation de la productivité du travail qui a rendu possible un passage à la suffisance, mais au prix d’une organisation du travail qui sacrifie les capacités humaines des travailleuses et travailleurs. Au travers de la division du travail, il a condamné les travailleuses et travailleurs à des activités mécaniques et répétitives, les privant d’un contrôle sur leur travail, de la possibilité d’exprimer toutes leurs capacités créatrices dans une variété d’activités. En effet, comment concevoir qu’un être humain réalise toutes ses potentialités et trouve son bonheur en passant une grande partie de sa vie dans une activité répétitrice, sur laquelle il n’a aucun contrôle ? C’est pourtant le cas d’une majorité des habitants de cette terre. Et comment concilier une séparation, dans le travail, entre ceux qui pensent, dirigent, commandent et ceux qui exécutent, comment concilier cette réalité de la division du travail avec une véritable démocratie ? Si la critique de la division du travail apparaît aujourd’hui comme iconoclaste, les auteurs classiques ne s’en sont pas privés, le plus violent étant sans doute Adam Smith : « L’esprit de la plupart des hommes se développe nécessairement de et par leurs occupations de chaque jour. Un homme qui passe toute sa vie à s’acquitter de quelques opérations simples, n’a pas l’occasion d’exercer son intelligence. Il devient en général aussi stupide et ignorant qu’une créature humaine puisse le devenir » . Marx et Engels soulignent eux aussi les méfaits de la division du travail : « Ce ne sont pas les producteurs qui dominent les moyens de production, mais les moyens de production qui dominent les produc¬teurs… .En divisant le travail, on divise aussi l'homme. Le perfectionnement d'une seule activité entraîne le sacrifice de toutes les autres facultés physiques et intellec¬tuelles. Cet étiolement de l'homme croît dans la mesu¬re même où croît la division du travail, … » .

Il y a là l’axe fondamental qui définit le ”Comment produire ?” dans un projet écosocialiste : pas de division du travail, mais une collaboration entre des producteurs égaux, et la possibilité d’être pêcheur un jour, philosophe ou cuisinier un autre, éducateur ou papa un troisième. Cette vision n’est pas forcément moins productive que l’organisation capitaliste du travail, car elle libère les capacités créatrices de l’ensemble des producteurs.


Thèse 4 : Satisfaire les besoins fondamentaux, mais pas créer des envies de consommations aliénantes. Stopper la croissance, diminuer certaines productions, éliminer le chômage qui ne saurait exister dans un projet écosocialiste, cela implique une diminution de grande ampleur du temps de travail. Le temps consacré à la fabrication d’armes, à la publicité, à l’obsolescence programmée par l’apparition du ”nouveau” modèle ou du produit non réparable ou non durable, diminue encore le temps de travail socialement nécessaire. Il faut rappeler que le collectif Adret, composé de syndicalistes et de physiciens, a publié en 1977, il y a 36 ans, ”Travailler 2 heures par jour”. Aujourd’hui, la semaine de 8 heures doit faire partie du projet écosocialiste. C’est important car c’est une condition d’un projet qui souligne l’objectif du plaisir de vivre par une socialisation, une convivialité, un contrôle sur son existence et ce que chacun produit qui remplace le repli individualiste sur soi-même. Dans ce contexte, le temps libre est une condition essentielle.


Thèse 5 : Le ”Que produire ?” ne peut pas être défini aujourd’hui. Et ce pour 2 raisons. Dune part, notre projet écosocialiste ne peut être imposé que de manière réellement démocratique par une large majorité de la population, qui aura eu de bonnes raisons de se libérer de la domination idéologique actuelle de la vision capitaliste. Si la révolution écosocialiste, malgré sa nécessité, n’apparaît guère à l‘ordre du jour aujourd’hui, nous ignorons les transformations sociales et techniques qui vont marquer le proche avenir et la réponse qui sera donnée en fonction de ces transformations à la question ”Que produire”.

La deuxième raison, c’est que ce sont les travailleuses et travailleurs engagés dans la pratique de ce projet écosocialiste qui devront répondre à cette question, notre rôle étant aujourd’hui d’imaginer les pratiques démocratiques à garantir dans ce processus.

Cette problématique est celle de l’atelier ” La planification écologique, le contrôle démocratique et l’autogestion.”, dimanche matin.


Le 15 janvier 2014, Michel Ducommun


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