Méthodologie

Lettre n°5 : Bilan de la Rencontre écosocialiste Genève 2014

Bonjour à toutes et à tous,

Vous recevez ici le bilan et les conclusions synthétisées par le groupe organisateur de cette première Rencontre écosocialiste au niveau Européen qui s’est tenue à Genève du 24 au 26 janvier 2014.

Nous tenons tout d’abord à vous remercier de votre participation et de votre collaboration qui ont permis la réussite de cette rencontre. Nous sommes touché(e)s par les multiples messages de félicitations et remerciements que nous avons reçus de votre part. Nous avons essayé de vous accueillir de la meilleure manière possible, malgré nos multiples charges pendant la Rencontre et de créer une ambiance agréable et solidaire. Nous espérons avoir réussi et nous nous excusons pour les éventuelles erreurs que nous avons pu commettre. Nous avons eu grand plaisir de faire votre connaissance, de partager vos expériences, vos luttes et aussi de faire la fête avec vous. Nous regrettons que vous n’ayez pas gagné le jambon solidaire de la tombola, sauf le gagnant évidemment ! La prochaine fois sera la bonne!

Nous nous réjouissons de savoir que notre collaboration va continuer et que l’année prochaine, nous nous retrouverons lors d’une deuxième édition, laquelle, nous en sommes convaincus, sera encore mieux préparée et plus festive que la première.

Avec ce bilan, vous recevez la liste des personnes inscrites et qui ont participé aux ateliers. Il nous manque évidemment la liste des personnes non-inscrites. Nous vous invitons à visiter notre site (www.2014.alterecosoc.org) où figurent différents articles parus dans la presse et des photos de la Rencontre. Nous envisageons de traduire en français et en anglais l’intervention de Yayo HERRERO sur l’écoféminisme, ainsi qu’une version vidéo sous-titrée sur le site. Dès que nous serons en possession de tous les rapports des ateliers, une brochure vous sera envoyée.

Au départ, lorsque le groupe écosocialiste de solidaritéS a proposé cette Rencontre, nous partions des constats suivants :

1) La propre nature du capitalisme comme système est incapable de résoudre les problèmes auxquels se trouve confronté l’humanité. Au contraire ce sont les nécessités systémiques même du capitalisme qui sont à l’origine de ces problèmes : changement climatique, épuisement des ressources naturelles, perte de biodiversité, pollution de l’air, des eaux et du sol, dégradation sociale,…La logique capitaliste d’expansion et d’accumulation illimitée du profit, le consumérisme et le fétichisme de la marchandise sont incompatibles avec la protection de l’être humain et de la nature.
2) Les réponses avancées par le système capitaliste (le développement durable, l’exploitation massive des salarié(e)s et la destruction des timides conquêtes sociales existantes, le capitalisme vert, le gaz de schiste, l’énergie nucléaire, le marché carbone, la monétarisation de la nature…) sont inacceptables et ne sont pas à la hauteur de l’urgence écologique et sociale à laquelle l’humanité se trouve confrontée.
3) Nous partions aussi du constat qu’aujourd’hui la réponse donnée par les partis « sociaux-démocrates « et verts ne sont pas non plus à la hauteur des enjeux et qu’ils se sont de plus en plus intégrés à ce système (en dehors de militant(e)s sincères de ces partis, avec lesquels nous collaborons).
4) Notre projet écosocialiste implique une rupture radicale avec le capitalisme sans laquellle nous ne pourrons résoudre ces problèmes ni construire un autre type de société.
5) Pour faire face à cette réalité, le mouvement écologique et social (dans le sens le plus large) a besoin de se coordonner : il existe en effet de multiples luttes sectorielles, mais nous avons besoin d’une coordination pour faire connaître ces luttes, analyser ensemble les politiques qui nous concernent, apprendre des expériences de chacun (e), créer des réseaux et proposer des campagnes communes.

Tels étaient les arguments et la carte d’identité à l’origine du projet de la Rencontre : aller vers un changement radical de système et élaborer les ébauches d’un programme de rupture avec le capitalisme et enfin dessiner une esquisse de notre projet vers une société écosocialiste (incluant l’écologie sociale, l’écoféminisme, l’écologie libertaire, la décroissance, etc).

L’Appel à la Rencontre a été le catalyseur du projet : nous voulions que les personnes signataires de notre Appel s’engagent aussi à participer à la Rencontre, pari globalement réussi.

Voici d’autre part nos observations sur le processus de la Rencontre:

Nous voulions un processus de débat avant la Rencontre, à partir des diverses contributions par thème. Le retard dans l’envoi des contributions, mais aussi les difficultés de traduction pour un accès en trois langues ont empêché cette option. Nous avons reçu 34 contributions qui sont restées pour l’essentiel dans leur langue d’origine.

Le gros des inscriptions et de la participation s’est fait dans les dix derniers jours avant la Rencontre. Nous avons eu plus de 140 personnes inscrites. Toutes les personnes inscrites ne sont finalement pas venues. Nous avons eu aussi beaucoup de personnes qui n’étaient pas inscrites et qui ont participé. Nous estimons que, sur les deux jours, près de 180 personnes ont participé à notre Rencontre.

La provenance par pays a été large : le plus significatif a été, bien sûr la Suisse, comme pays hôte, suivi de la France, avec une présence significative des camarades de la région avoisinante ; ensuite l’Etat espagnol a été très remarqué, ainsi que Heuskal Herria, la Catalogne et l’Andalousie. Nous avons bénéficié de la présence de 4 camarades Grecs, 2 Portugais, de Norvégiens, de personnes venues d’Autriche et de République Tchèque et une délégation significative de Belgique.

Les secteurs sociaux représentés étaient très divers : d’abord le secteur agricole avec des paysan(ne)s d’UNITERRE, de la Confédérations paysanne, du SOC/SAT d’Andalousie, de la Plateforme pour une agriculture durable, des coopératives agricoles ; ensuite d’Alternatiba, des réseaux comme le CADTM (Comité pour l’annulation pour la Dette du Tiers Monde), de la Marche Mondiale des femmes, de Ecologistas en Acción, d’ATTAC, (France, Suisse, Canaries, etc. ), de la Coordination Climat et Justice sociale de Belgique et de la suisse romande. Il faut aussi souligner la présence de syndicats comme ELA de Heuskal Herria, le SAT/SOC d’Andalousie, de solidaires, de la FSU , le SSP de Suisse; des mouvements politiques et sociaux comme le réseau des objecteurs de croissance (Suisse et France), des associations étudiantes, SolidaritéS (Suisse), le NPA, Ensemble, Alternative Libertaire, Parti de Gauche de France, le « Bloco » du Portugal, la gauche de Syriza de Grèce, IR d’Angleterre, la LCR Belge, IU de l’Etat Espagnol, las CUP de Catalogne, des représentants du réseau écosocialiste international, de membres de réseau écosocialiste de Québec, enfin de différents représentants venant du terrain social (contre la privatisation de l’eau, contre le gaz de schiste, pour l’économie sociale et solidaire, etc.). Il est aussi important de signaler les multiples contacts avec des personnes intéressées mais qui pour de nombreuses raisons ne pouvaient pas venir à cette rencontre. Nous avons également eu des contacts avec des personnes d’Equateur, Bolivie, Mexique, Chili et Argentine. Notre faiblesse a été de n’avoir personne de l’Italie, Angleterre, Allemagne (malgré l’existence d’un réseau écosocialiste à qui nous avons envoyé plusieurs invitations) et des pays dits de l’Est.

L’élaboration du programme nous a pris plus du temps que prévu. Nous avons dû changer plusieurs fois son contenu, selon les disponibilités des personnes que nous avions contactées pour coordonner les ateliers. Nous voulions des ateliers participatifs et non pas une série de conférences. C’est pourquoi nous avons proposé des coordinatrices/teurs par thème pour introduire la problématique. Notre optique était que chaque atelier s’auto-organise et se gère de façon autonome afin de créer une dynamique participative Nous pensons que ce dernier aspect n’a pas été complètement réalisé, en partie parce que tous et toutes les coordinateurs et coordinatrices n’ont pas participé de manière active et aussi du fait de l’affluence tardive et inattendue aux ateliers. La réflexion devra être poursuivie avec les organisateurs de la prochaine rencontre.

Nous avons voulu donner à ces Rencontres une dimension non seulement européenne mais aussi internationale. La soirée d’ouverture de vendredi à Uni Mail a été conçue dans ce sens, avec notamment l’intervention de MariCarmen GARCIA BUENO, membre de la direction internationale de La Via Campesina sur les luttes des femmes au Sud comme au Nord pour la défense de la Terre, l’exposé de Daniel TANURO sur les enjeux climatiques et la présentation de Michael LOWY sur ce que le Sud peut nous apporter.

Tout au long de la Rencontre, nous avons essayé de souligner qu’il n’y a pas de projet de société écosocialiste sans la dimension féministe. Il était très important pour nous que ce thème soit transversal dans tous les ateliers. Pour marquer cette volonté, nous avons commencé la Rencontre avec le magnifique exposé de Yayo HERRERO sur ce que peut apporter le féminisme à l’écologie et ce que peut apporter l’écologie au féminisme. En définitive, nous devons intégrer l’écoféminisme dans notre corpus théorique et pratique. Notre écologie doit être anticapitaliste et écoféministe.

Un moment fort de cette Rencontre a été la solidarité avec les luttes des ouvriers agricoles d’Andalousie pour le droit à la terre et contre la répression à laquelle ils sont soumis par le gouvernement espagnol. Nous avons eu la chance de bénéficier de la présence de MariCarmen GARCIA BUENO de la direction du SOC/SAT et du maire du village de Marinaleda, Juan Manuel SANCHEZ GORDILLO.

Notre souci de ne pas réunir seulement de vieux soixante-huitards a été satisfait : toutes les générations ont été présentes.
Enfin, nous devions résoudre deux difficultés significatives. D’une part, affirmer la dimension anticapitaliste de cette Rencontre et en même temps nous ouvrir à d’autres secteurs qui n’ont pas fait le pas dans cette direction, les intégrer sans les exclure, ni les utiliser. Cela impliquait aussi de ne pas laisser trop de place aux partis politiques au profit des mouvements sociaux. La mise sur pied d’égalité, le respect mutuel et la préservation de l’autonomie de chacun sont des éléments très positifs du bilan.

La poursuite de cette Rencontre est dûe à la nécessité de créer un courant anticapitaliste et écoféministe pour la construction de la société que nous voulons qui soit capable de voir la différence comme une richesse. Mais, dans le même temps, il s’agit de rassembler les expressions politiques et sociales dans un projet commun et de proposer des alternatives radicales dans une recherche de convergences qui peuvent être comprises et acceptées par une large majorité de la société à court terme. Nous devons collaborer à d’autres initiatives dans le même sens tout en gardant notre autonomie organisationnelle et notre ligne directrice de convergence des mouvements sociaux et politiques dans une optique anticapitaliste. L’exemple du récent réseau européen initié par le parti de Gauche (France) dans le cadre du Parti de la Gauche Européenne et des futures élections européennes a été évoqué dans des échanges informels. Là encore, nous devons apprendre à chercher à développer les convergences, et débattre de nos différences et divergences, seules conditions pour éviter des blocages stériles.

Nous concevions ces Assises aussi comme un espace de rencontres, de partages, d’échanges, d’amitiés et de convivialité. La société que nous souhaitons doit être joyeuse. Pari gagné !

Cette première Rencontre est un premier pas réussi. Nous étions conscients que nous ne pouvions pas résoudre et aborder toutes les problématiques et tous les enjeux en deux jours. Le besoin d’approfondir les quelques thèmes qui ont été évoqué est évident. Comme base de travail pour la suite, les conclusions par ateliers vous seront envoyées dès que tous les comptes rendus seront réunis et traduits.

Comme décisions finales, à l’initiative du groupe organisateur et en collaboration avec d’autres collectifs, nous avons proposé aux participant(e)s lors de la dernière plénière les points suivants :

1) Appeler à une deuxième Rencontre l’année prochaine dans la Péninsule Ibérique. Le lieu et la date sont à déterminer par les organisatrices/teurs de cette deuxième rencontre avec tous les partenaires de cette région. Ecologistas en Acción sera l’organisation motrice dans la mise sur pied d’un groupe d’organisation. Le groupe organisateur de la Rencontre de Genève fera partie des organisateurs de la deuxième Rencontre.
2) Les participant(e)s à cette première Rencontre se constitueront au niveau Européen en réseau écosocialiste, en groupes de base au sens large du terme : écoféministe, écologie sociale, écologie libertaire, décroissance, etc… Pour le moment, c’est le groupe de Genève qui gérera cette liste.
3) Faire un compte rendu des ateliers et les envoyer aux participant(e)s
4) Envisager la publication des contributions à la Rencontre, sous la forme d’un document les réunissant accessible sur le site.
5) Nous devons participer aux campagnes communes comme : la mobilisation contre le changement climatique (COP21 à Paris), contre les gaz de schiste, le libre commerce entre l’UE et les EE. UU, comme courant anticapitaliste et antisystème.

Pour finir, ci-dessous les propositions du groupe de Coordination lues par Yayo aux participant(e)s de la Rencontre:

Le bilan de la rencontre de Genève est très positif. Il en ressort surtout la diversité de provenance, la pluralité des militant(e)s et de leurs points de vue : organisations écologiques, politiques, syndicales, associations…

Nous remercions le groupe écosocialiste de solidaritéS (Suisse) pour son initiative et son travail qui ont rendu possible cette rencontre.

Nous avons trouvé quelques lignes de travail communes dans différents domaines qui pourront donner lieu à des stratégies de coordination :

- lutte contre la fracturation hydraulique
-objectif de Paris 2015
-pénurie d’énergie
-conflits entre la production/syndicalisme et la pratique politique de l’écologie

Nous souhaitons l’organisation d’une nouvelle rencontre (vers le printemps 2015) qui convoque les secteurs anticapitalistes qui ont la dimension écologique comme axe de travail. La rencontre pourrait s’articuler sous le thème « Face à la crise écologique et sociale : luttes et alternatives pour sortir du capitalisme ».

Cette rencontre pourrait avoir lieu en Espagne. Toutes les organisations espagnoles présentes à Genève manifestent leur intérêt à participer à son organisation.

Nous considérons adéquat que le groupe écosocialiste de solidaritéS, organisation qui a pris l’initiative et a accumulé l’expérience d’organisation de Genève, soit partie prenante de celle de la rencontre. Au premier trimestre 2014, les organisations espagnoles déterminerons si elles ont les conditions d’assumer cette convocation et alors une équipe de travail pour organiser cette prochaine rencontre sera formée.

Genève, mars 2014
L’association Alternatives face aux défis écologiques